Pouvez-vous nous dire en quoi ce lieu est propice à la culture de la vigne ?

Déjà comme vous pouvez le voir c’est beau. L’esthétique d’un lieu, le fait de s’y sentir bien, sont des indicateurs de qualité du terroir et de la vigne qui y a élu domicile. Nous avons à Saint-Privat un terroir d’altitude du Languedoc. La composition du sol est riche : Schiste ; grès ; argilo-calcaire.

Tous ces éléments participent à la magie du terroir et des vins qu’il produit.

Quelles sont les caractéristiques du terroir viticole de votre vin ?


Le terroir de Saint-Privat est au cœur des terrasses du Larzac. C’est un terroir qui bénéficie de la générosité du Languedoc couplé à la fraîcheur du Larzac.

De plus, l’altitude (jusqu’à 350m) et ses sols aux terroirs schisteux en font un terroir d’exception. Saint-Privat se situe sur différentes vallées et donc les vignes ont accès à plusieurs expositions.

Cela fait maintenant quatre années que vous vous êtes lancés dans cette aventure, quels ont été les éléments déclencheurs à la base de cette histoire ?

Je crois que ce qui a primé c’est l’élément humain. Avant tout, il y a eu la rencontre avec Olivier Jullien. Une rencontre unique et riche en expériences. Olivier est sûrement l’un des plus grands chercheurs de terroirs du Languedoc. Il est le fil conducteur qui m’a permis de me lier au terroir de Saint-Privat. Ensuite l’autre élément déclencheur a été les tests que nous avons réalisés en 2007 sur le raisin des vignes oubliées. J’étais à l’époque en stage chez Olivier dans le cadre de mes études d’ingénieur agronome. On a été surpris par la beauté du raisin des « vignes oubliées » et on a voulu voir si la traduction en vin était tout aussi belle.

Pourquoi avoir choisi ce nom évocateur de « vignes oubliées » pour votre vin ?

On a choisi ce nom pour une raison assez simple, qui est que ces vignes avaient de fortes chances de disparaître. Elles allaient tomber peu à peu dans l’oubli car elles ne correspondaient pas à la culture des caves coopératives de production. On a décidé de s’adapter aux rendements et au travail que nécessitaient les vignes, et on a fait en sorte que tout le monde s’y retrouve, les vignerons, les consommateurs et nous-mêmes. Donc tant que ce nom existera sur nos bouteilles, ces vignes ne s’oublieront pas.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce contexte particulier avant votre arrivée ici ?

Avant notre arrivée les raisins allaient à la cave coopérative. La culture de montagne propre à Saint-Privat, l’aménagement et le temps nécessaires à la culture des vignes faisaient que celles-ci n’étaient pas suffisamment mises en valeur. Le système productiviste n’était donc pas adapté aux « vignes oubliées », et les vignerons avaient beaucoup de difficulté à en vivre.

Vous étiez accompagné au départ de cette initiative d’Olivier Jullien. Quel rôle a-t-il joué dans la mise en place du projet ?

À mon sens Olivier a joué le rôle d’initiateur dans ce projet. Il a réuni les conditions pour que l’aventure puisse avoir lieu. Je peux dire qu’il a été un peu comme un parrain. C’est un homme d’expérience qui avait une légitimité incontestable sur ce terroir.

Notre rencontre a réellement été décisive, c’était une source de motivation. Le vin n’est pas une affaire solitaire, on ne peut pas tout faire seul, la participation collective est primordiale.

Pour votre part, vous êtes fils de vigneron et ingénieur agronome, ressentez-vous cette aventure comme une vocation ?

Oui je crois qu’on peut le dire. Mon grand-père et mon père m’ont transmis cette culture viticole depuis très jeune. Ils ont partagé ce savoir-faire, l’envie a eu le temps de mûrir. L’idée de faire du vin dans le Languedoc s’est donc vite imposée comme une évidence pour moi. Le travail du vin est difficile et risqué car chaque année on remet tout en jeu, mais malgré tout le plaisir est premier.

Vous avez, avec Olivier Jullien, en quelque sorte « sauvé » ces vignes qui étaient sur le point d’être abandonnées. Quel contact avez-vous eu avec les vignerons propriétaires ? Et quelle relation entretenez-vous actuellement avec eux ?

Je dirais que la nature de cette relation n’a pas vraiment changé. Elle a toujours été basée sur l’échange. On a tout de suite eu l’intention de travailler ensemble. La force des « vignes oubliées » c’est de faire en sorte que chacun contribue à sa manière avec envie.

Il fallait que les vignerons sortent de l’anonymat. Nous avons réussi à faire converger ce projet vers une viticulture plus juste, plus propre, plus humaine.

Quels changements avez-vous mis en place lors de votre arrivée ?

Le principal changement fût le passage en agriculture biologique. Les vignes n’étaient pas soumises à des traitements chimiques intenses et déraisonnés. La principale problématique venait de l’utilisation des désherbants dans certains sols. Nous avons, d’un commun accord et effort, remédié au problème.

La raison qui explique ce passage en agriculture biologique est la perspective durable dans laquelle il nous semble logique de nous inscrire. Le plaisir du consommateur est très important mais il ne doit pas empêcher le respect du sol, et mettre en danger la santé de ceux qui le travaillent. Chaque étape doit être satisfaisante, du travail de la vigne jusqu’à la dégustation.

Qu’est-ce qui vous a conduit à vous dire que ce projet en valait la peine ?

Je crois que le principal déclic a eu lieu lors de la dégustation de la cuvée 2007. Le test était positif, le plaisir était au rendez-vous, l’enthousiasme a logiquement suivi. D’autre part l’aventure humaine ne demandait qu’à se faire. À partir du moment où on avait réuni ces deux conditions, on ne s’est pas posé plus de questions, et le projet a pu commencer.

Vous êtes désormais autonome, et seul capitaine à diriger cette aventure, puisqu’Olivier Jullien vous a entièrement laissé le projet. Comment voyez-vous l’avenir proche ?

L’aventure continue plus que jamais. Il n’y a pas de grands changements à venir. La nouveauté c’est la création d’une cave plus proche des vignes, à Saint-Jean-de-la-Blaquière. Jusqu’à maintenant le vin des « vignes oubliées » était hébergé au Mas Jullien.

Si vous deviez décrire le breuvage des « vignes oubliées » en quelques mots, quels seraient-ils ?

« Les vignes oubliées » c’est un vin de rencontre, de partage et d’équilibre. C’est un équilibre doux et serein à l’image du terroir de Saint-Privat. La générosité de ce vin et la qualité de ses tanins font qu’on a envie d’y revenir. C’est le plus important car le vin est fait pour être bu et… rebu.

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